Bourg-Saint-Maurice , feu au centre-ville

Le 14 juin 2005, un violent feu embrase une scierie au centre-ville de Bourg-Saint-Maurice. Les flammes se propagent vers un atelier de peinture et une carrosserie. Cent sapeurs-pompiers sont intervenus pour combattre ce sinistre.

Texte > Service communication avec les éléments du commandant Pierre Masson, chef du groupement Tarentaise et COS et de l’adjudant-chef Dimier. Photos > Comm. Sdis 73
Très rapidement après les premiers appels au Centre de traitement de l’alerte faisant état d’une explosion suivie de feu face à la station-service et au supermarché « Lidl », le premier détachement se présente avenue Maréchal Leclerc. Il se compose d’un FPT, d’une EPA, d’une ambulance et est suivi d’un chef de groupe.

Dès leur arrivée, à 21 h 33, les premiers sapeurs-pompiers sont confrontés à un violent feu ayant pris naissance dans une scierie et se propageant rapidement vers un atelier de peinture et une carrosserie. Le vent pousse le feu et les fumées vers la salle des fêtes et une très forte chaleur est perceptible au niveau de la station-service. De nombreuses explosions se produisent. La présence de citernes de gaz est confirmée dès les premières reconnaissances. L’action des premiers secours vise alors à protéger la salle des fêtes et la station-service au moyen de trois lances. Une autre lance est établie par les jardins, en protection d’une maison d’habitation en façade sud.

Les renforts ont déjà été anticipés par le Codis. Ils sont en transit depuis divers centres : Aime, Moûtiers, Val-d’Isère, La Léchère, Albertville, Aiguebelle, Chambéry et Aix-les-Bains. Simultanément, un échelon de commandement est en transit en provenance de Moûtiers (2 officiers) ; Albertville (1 officier) ; Chambéry (3 officiers et le véhicule poste de commandement). Les premiers renforts extérieurs (Aime, Moûtiers) ou de Bourg-Saint-Maurice sont ensuite engagés sur les rues bordant le site.

En effet, c’est dans ce secteur que le feu se montre le plus violent, doublé d’une onde de chaleur qui échauffe les matériaux des façades et toitures des habitations avant de les embraser.

Division en trois secteurs
Le sinistre est divisé en trois secteurs placés chacun sous le commandement d’un chef de secteur :

• la zone comprise entre la rue Saint-Michel et l’avenue du Centenaire ;

• la zone comprise entre la route de Montrigon et l’avenue Maréchal Leclerc ;

• la maison ABATE (3 étages + combles) qui a subi un embrasement de sa façade est et un début d’incendie de toiture.

Ce dispositif permet de circonscrire le feu sur la rue Saint-Michel et l’avenue du Centenaire aux environs de 22 h 30. La propagation aux autres bâtiments situés à l’extérieur de ces voies n’est plus possible. Dès lors, les autres renforts peuvent être engagés sur le second secteur. Une attaque massive est mise en œuvre. Au plus fort de l’action, le débit total des lances en manœuvre dépasse les 10 000 litres / minute.

Dans le même temps, le maire de la commune organise une réunion de crise à l’hôtel de ville pour traiter les points suivants avec tous les services concernés :

• gestion des coupures de rues et des déviations,

• relogement,

• arrêtés de péril,

• réseaux d’eau et EDF,

• accueil des médias,

• ravitaillement des intervenants.

Ce sinistre présente un caractère exceptionnel pour les raisons suivantes :

• il se situe en centre-ville, sur une emprise de 6 000 m2 environ.

• Il intéresse des bâtiments divers, à usage d’habitation, mais aussi à usage artisanal présentant des risques non négligeables (scierie, carrosserie), dans une zone densément occupée.

• La présence d’éléments combustibles et explosifs dotés d’un fort potentiel calorifique (bois, peinture, solvants, bouteilles de gaz…) favorise un développement extrêmement rapide. Sur une surface de 4 000 m2 détruite par le feu, les deux tiers au moins étaient embrasés à l’arrivée des premiers secours, soit 9 minutes après le premier appel.

Il est à noter la découverte ultérieure de munitions, sans doute à l’origine de certaines explosions au cours de l’incendie.

Une propagation fulgurante
Cet embrasement « généralisé » a bien entendu activé une propagation fulgurante du feu vers les bâtiments riverains. De ce fait, les moyens de lutte se retrouvent dans une situation défavorable, qui ne peut être inversée que grâce à l’envoi de renforts conséquents. Dans l’attente de disposer d’une puissance d’attaque suffisamment dimensionnée, il convient de faire des choix tactiques et techniques qui incombent au commandement, aux différents stades de l’opération.

C’est ainsi qu’il a été décidé de protéger la salle des fêtes et la station-service dans un premier temps. Puis, face au développement exceptionnel du sinistre, le choix a été fait de concentrer l’action des secours sur les habitations situées au nord-ouest, c’est-à-dire rue Saint-Michel et avenue du Centenaire. Le bilan matériel est, certes, conséquent, mais en rapport avec les proportions de combustibles et d’éléments explosifs présents. Par ailleurs, l’absence de victime ne peut que démontrer l’efficacité du dispositif mis en œuvre.
L'intervention en chiffres


Eléments favorables:
Tactiques et idées de manœuvres déjà élaborées avant l’engagement des moyens en renfort. Evacuations des personnes avant l’arrivée des engins. Rues larges séparant les quartiers sur deux tiers du périmètre. Aide du 7e BCA qui a prêté main forte au service de gendarmerie. Arrivée rapide de la chaîne de commandement en faisant appel aux officiers de groupement. Réseau d’eau suffisant.

Eléments défavorables:
Feu exceptionnel : surface, ampleur au départ, localisation, multiples risques cachés, embrasement très important au départ (apparemment suite à une explosion), explosions multiples dans le temps entravant les progressions. Station-service et salle des fêtes toutes proches et très exposées. Présence de nombreux risques inconnus au départ : gaz, combustibles divers, 6 véhicules impossibles à déplacer, peinture, solvants, gros stock de bois et de sciure, munitions… Population très réactive qui n’a pas hésité à emprunter du matériel dans les véhicules de secours « pour se rendre utile ».

Moyens engagés
6 FPT ; 3 EPA ou EPSA ; 1 CCF 4 000 ; 1 DA 2 000 ; 1 CE CI ; 1 VRAC ; 1 VPC ; 2 VSAB et 1 Smur pour le soutien sanitaire. Soit environ 100 sapeurs- pompiers.

Le prochain troll qui fait ca il se prend un averto... ou mieux encore: il gicle.

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