A la suites des violents orages

Les pluies diluviennes plongent Iguerande et Marcigny sous les eaux






Routes coupées, rues inondées, des personnes évacuées. Le Brionnais ne s'attendait pas à vivre une telle situation hier après-midi. Les violents orages qui se sont abattus ont provoqué d'importantes inondations. Ce matin encore, la vigilance reste de mise.

Iguerande sous les eaux ! C'est dans ce village du canton de Semur-en-Brionnais que la première alerte a été donnée. Il était environ 16 heures. Depuis près de deux heures déjà, une pluie diluvienne tombe sur la région provoquant ici et là l'intervention des pompiers et de la gendarmerie.
A Iguerande, les cours d'eau débordent et c'est une impressionnante coulée d'eau qui traverse tout le village et se déverse sur le Bas d'Iguerande. Dans le bourg, des caves et des garages sont inondés. Le courant est si fort qu'il devient impossible de circuler.
La route qui mène à Iguerande est bloquée. A 22 heures, la commune restait inaccessible. Des agents du Conseil général dépêchés sur place ont assuré la circulation et encouragé les automobilistes à faire demi-tour. La circulation est bloquée en amont à hauteur de Saint-Martin-du-Lac. La brigade de gendarmerie de Marcigny ainsi que les pompiers restent vigilants. Sur le canton, Iguerande n'est pas la seule commune touchée. A Saint-Christophe-en-Brionnais également, on note quelques problèmes d'inondation, essentiellement dans les caves, la commune étant plus vallonnée. Prairies inondées, chemins communaux recouverts par les eaux, le canton n'est pas épargné.
Mais alors que l'attention est tournée vers Iguerande, à Marcigny aussi, la situation se gâte. Le Merdasson du Gruzelier, un petit ruisseau qui traverse la commune déborde et sort de son lit. Le ruisseau prend sa source à Semur. Une petite digue qui retient habituellement le Merdasson aurait craqué en raison de la violence des pluies, transformant ainsi le ruisseau en torrent. L'eau a très vite envahi les rues du bourg de Marcigny, inondant les habitations.
Aux environs de 16 h 45, on enregistre près de deux mètres d'eau dans les rues. Les habitations sont touchées. Les caves d'abord, puis certains rez-de-chaussée. La mairie, l'hôpital local, la Place du Cours sont gagnés par les eaux. Le bourg de Marcigny se transforme en vaste plan d'eau. Les voitures en stationnement sont sérieusement endommagées, quelques-unes flottaient même. Une vision surréaliste qui a d'ailleurs étonné plus d'un Marcignot. Les anciens disent même n'avoir jamais vu pareille situation dans leur petite ville ! Les anciens se souviennent juste d'une situation quasi-similaire dans les années 60. Les orages ont également provoqué quelques coupures brèves d'électricité. En tout cas, très rapidement, de nombreux habitants, notamment des personnes âgées sont bloqués par les inondations et les pompiers ont dû procéder à une série d'évacuation. Les habitants de la rue de la Chenale en particulier ont été concernés, la voie ayant été particulièrement touchée par la montée des eaux. Les pompiers de Saint-Denis-de-Cabanne, de Marcigny, de Charlieu et de Mâcon interviennent sur place. Le personnel de mairie, la Croix-Rouge et d'autres bénévoles sont venus prêter main-forte afin de secourir les personnes touchées par la montée des eaux. « Le personnel municipal a été formidable, explique Jean-Claude Capiez, premier adjoint à la mairie de Marcigny. Grâce à eux, on a évité le pire. Certaines personnes se sont retrouvées prisonnières de leurs maisons et il a fallu utiliser une tractopelle pour les aider ».
C'est à la salle des fêtes de Marcigny que les victimes qui étaient une petite centaine ont trouvé refuge pour la nuit. L'hôpital a aussi servi d'abri. D'autres se sont réfugiés chez leurs proches. Une grande solidarité s'est aussitôt mise en place. Une centaine de pompiers et une vingtaine de bénévoles de la Croix-Rouge ont pris en main l'aide d'urgence. Des couvertures, du café et des sandwiches ont été apportés aux sinistrés. Près de 200 repas ont été préparés. Ce n'est qu'aux alentours de 17 h 45 que le niveau de l'eau a commencé à baisser, une baisse assez rapide par ailleurs, car en début de soirée, plusieurs espaces étaient un peu mieux dégagés même si les accès sont demeurés limités par mesure de sécurité. Au final, ces inondations auront surtout provoqué beaucoup de dégâts matériels et fort heureusement aucun drame humain. Quelques personnes ont tout de même eu quelques légères blessures. Mais les secours se sont rapidement organisés. Le sous-préfet, M. Jackie Leroux-Heurtaux est également venu sur place apporter son soutien ainsi que le vice-président du Conseil régional, Jacques Rebillard. Aujourd'hui encore, la salle des fêtes abrite quelques réfugiés et la vigilance reste de mise car des orages ont été annoncés.

source : le jsl

(pour infos. j'ai passé la journée sur place. dès que j'ai les photos je les rajoute. vous constaterez l'étendue des dégats d'une coulée de boue)

Iguerande coupée du monde


A dix kilomètres de Marcigny, le petit village d'Iguerande n'a pas été épargné non plus par les inondations. Dès 16 heures, les routes commencent à être coupées à la circulation. D'importantes coulées d'eau descendent du haut des collines et forment des trous d'eau sur la chaussée. Les automobilistes circulant dans le sens Marcigny/Roanne sont contraints de rebrousser chemin au lieu-dit
Mais malgré les conseils des agents du Conseil général qui assurent la circulation, certains veulent quand même tenter leur chance. Un premier obstacle est passé sans encombre. Mais quelques mètres plus loin, rien à faire. La route est totalement coupée. Sur place, la situation semble confuse. Personne ne semble comprendre ce qui se passe vraiment. Comme la circulation, l'information est coupée. Pas moyen de savoir combien de temps ça va durer. D'autant plus embêtant qu'à 18 heures, la route est très fréquentée. Les habitants de la Loire qui rentrent du travail sont bloqués et contraint de faire demi-tour.
Pour éviter que les automobilistes ne s'engouffrent dans ce cul-de-sac, la gendarmerie se poste à Saint-Martin du Lac. Objectif : tenter de dissuader voitures et poids lourds de poursuivre leur route. Mais le détour est tellement grand pour rentrer dans la Loire, que certains préfèrent s'engager quand même. Finalement, vu l'évolution de la situation, ils devront se résoudre.
A 22 heures, la route était toujours bloquée.

Les Marcignots ont eu très peur

Choqués, abasourdis, abattus, les qualificatifs sont nombreux pour décrire la détresse des Marcignots moins de deux heures après le drame. Incrédules, ils regardent les pompiers porter secours aux habitants coincés chez eux. Étrange atmosphère que celle d'une ville qui vient de voir le ciel lui tomber sur la tête. En quelques secondes, une impressionnante vague a déferlé dans les rues pour submerger la ville en à peine dix minutes.
Sandrine Pegon est encore sous le choc. Dans son magasin 'Australia Cuisines'' de la rue du 8 mai, elle était aux premières loges pour assister à cette montée des eaux. Tremblante, la peur se lit encore sur son visage. « J'ai vu un homme courir à toute vitesse. Et puis tout d'un coup, j'ai aperçu toute cette eau qui descendait. Pendant un instant, j'ai cru que j'étais en train de rêver. C'était comme ce qu'on voyait à la télé d'habitude ». Malheureusement, ce n'est pas un rêve. Elle a quand même la lucidité de surélever les ordinateurs pour les protéger. Et puis, tout s'enchaîne. « Il y avait des voitures qui flottaient. Je suis rentré me mettre à l'abri mais je me suis retrouvé prisonnière. L'eau montait rapidement à l'intérieur. J'ai paniqué, j'ai hurlé pour qu'on me sorte d'ici ». Finalement les pompiers mettent un terme à son calvaire en l'évacuant par le toit.
Madeleine Coulon s'est aussi fait une belle frayeur. Seule dans sa maison de la rue De Gaulle, la vieille femme a pu sortir à l'extérieur. « Je n'ai jamais vu ça de ma vie. Je n'ai rien eu le temps de faire, ça a été très vite. J'ai voulu ouvrir la porte d'entrée mais je n'aurais pas dû. Sous la pression, la porte a sauté et l'eau est montée rapidement à l'intérieur ». Pas d'autre solution que de sortir.
Avec l'aide d'un voisin, elle parvient à se mettre à l'abri un peu plus loin. Mais elle a perdu beaucoup en peu de temps. « Je n'ai plus rien. Plus de papier, de carte vitale, mon buffet s'est même renversé à cause de la puissance du courant. J'ai vraiment eu très peur ». M. Dupuis aussi. « J'étais en train de sortir la voiture du garage quand j'ai vu arriver une énorme vague. J'aurais pub être happé et emmener dans le courant, mais j'ai eu beaucoup de chance ». Son véhicule en a eu moins. « Mon utilitaire avait de l'eau jusque sur le toit. Ca ne fait même pas un an que je l'ai. C'est du gâchis ».
Une jeune fille arrive en pleurant et accourt dans sa petite maison du centre-ville. Quelques secondes plus tard, elle ressort avec son chien dans les bras. Les habitants de la ville viennent, un à un, constater les dégâts. Les sentiments sont partagés. Soulagés car, vu l'ampleur et la rapidité de la déferlante, le bilan humain aurait pu être beaucoup plus lourd. Anéantis car les dégâts matériels sont très importants. Doucement, l'eau quitte les rues de la ville. Le plus dur commence.